L’enjeu majeur de l’entrepreneuriat : le défi des financements

L’enjeu majeur de l’entrepreneuriat : le défi des financements

La Fête des Startups d'Inria Startup Studio a exploré le passage de recherche à entrepreneuriat autour de 3 tables rondes et d’un keynote. Compétences, financements, succès ou réorientation, ces échanges ont mis en lumière le partage d’expérience afin de permettre aux entrepreneurs de résoudre les défis liés à la création d’une startup deeptech numérique. Cette deuxième table ronde aborde le défi des financements, un enjeu majeur dans l’entrepreneuriat : quelles sont les difficultés et les diverses sources de financement ? Comment bien estimer ses besoins ? Elsa Nicol, Hubert Catanese, William Eldin et François Cuny répondent à ces questions !


Bien que le défi des compétences se présente comme un véritable challenge dans l’entrepreneuriat, celui lié au financement est le principal facteur de stress pour les entrepreneurs qui créent leur startup : comment trouver les fonds permettant de se structurer et de croître ? Un sujet abordé lors de la Fête des Startups, organisée le 30 novembre par Inria Startup Studio, au travers des témoignages :

En France, difficile de dire que les sujets liés à la deeptech manquent de financements. Néanmoins, obtenir des fonds reste une épreuve pour de nombreux porteurs de projet, qu’ils exercent encore en tant que chercheurs ou qu’ils aient passé le cap de l’entrepreneuriat.

La difficulté de trouver des financements

C’est le constat réalisé par François Cuny, Directeur Général Délégué à l’Innovation au sein d’Inria, après avoir été interrogé par Sophie Pellat, co-directrice du Startup Studio : “Les entreprises trouvent souvent des financements lorsque leurs produits ou services atteignent une certaine maturité. Mais avant de passer de la version 8.1 à la version 8.2 de leur logiciel, les entrepreneurs doivent acquérir, parfois pendant des années, les compétences qui vont leur permettre de développer et gérer leur structure au quotidien. Cette étape est cruciale, et là aussi, les entrepreneurs éprouvent le besoin d’être accompagnés et financés. C’est ce que propose, de manière assez unique, Inria Startup Studio, en accompagnant jusqu’à deux porteurs par projet pendant un an.”

Une diversité de sources de financement

Un accompagnement dont a pu bénéficier en 2019 Elsa Nicol, co-fondatrice et CEO de Falco, startup qui édite une solution SaaS de gestion de capteurs à destination des ports de plaisance : “Nous avons bénéficié d’un certain confort au sein d’ISS, dans le sens où cet accompagnement nous a permis de financer le développement d’un Proof of Concept (POC) de notre solution, nous mettant dans les meilleures conditions pour intégrer l’incubateur Agoranov, puis pour être subventionnés par la BPI, et enfin pour rejoindre l’accélérateur Wilco et bénéficier d’un prêt d’honneur. Nous avons ainsi pu compter sur différentes sources de financement, et c’est seulement cette année qu’Hervé Lebret, co-directeur du Startup Studio, nous met en relation avec des investisseurs.” Des investisseurs qui avaient jusqu’ici attendu que la startup fasse ses preuves avant d’accepter de la financer.

Table ronde fête des startups 2023
© Inria / Marie Magnin

Une expérience commune aux porteurs de projet

Un schéma que connaissent tous les porteurs de projet, comme en témoigne William Eldin. Fondateur en 2015 de la startup XXII, un spécialiste du computer vision, il a déjà eu une première expérience entrepreneuriale, en co-fondant Coyote, le fameux avertisseur de radar : “Dès 2009, nous étions déjà valorisés plus de 100 millions d’euros et faisions face à un afflux d’investisseurs potentiels, qui voulaient plus s’enrichir que véritablement développer l’entreprise. Même le risque d’interdiction de notre produit n’a pas freiné la croissance de l’entreprise, qui réalisait plus de 120 millions d’euros de chiffre d’affaires, pour un EBITDA de 50 millions d’euros !”

Néanmoins, la demande du régulateur d’afficher la limitation de vitesse sur l’écran du Coyote va changer la donne pour William Eldin : “C’est à ce moment que je me suis penché sur les technologies de computer vision et que j’ai découvert le potentiel de ce marché. J’ai vendu Coyote et j’ai lancé XXII en 2015, en mettant deux millions d’euros de ma poche. Pendant trois ans, nous avons enchaîné les POC, mais il était toujours difficile de convaincre les investisseurs, qui attendaient que nous soyons capables de générer des revenus suffisamment récurrents.”

Après avoir convaincu un Business Angel de le suivre à hauteur de 2 millions d’euros, William Eldin voit la situation se débloquer peu à peu quand la BPI décide de le suivre et de prendre le lead lors d’un nouveau tour de table : “Cela a permis de débloquer près de 20 millions d’euros de financements auprès d’autres investisseurs, et de nous faire franchir un palier puisque nous sommes aujourd’hui une des six entreprises de l’intelligence artificielle accompagnées dans le cadre du plan d’investissement France 2030. En début d’année, nous avons réalisé une nouvelle levée de 22 millions d’euros auprès des fonds de la SNCF et de Bouygues entre autres”, se réjouit l’entrepreneur, qui tire de son expérience le constat suivant : “Il faut cranter les levées de fonds, et faire très attention à ce que vous dites aux investisseurs, car ils notent tous vos objectifs. Or, le problème de la France est le suivant : c’est un petit marché, ce qui sous-entend un petit chiffre d’affaires et donc des difficultés à se financer. Il faut aller à l’international chercher des relais de croissance.”

Table ronde fête des startups 2023
© Inria / Marie Magnin

Estimer ses besoins

Bien estimer ses besoins, quitte à être prudent dans ses ambitions, c’est aussi le conseil partagé par Hubert Catanese, CEO de la banque d’affaires Inflexion Points Technology Partners : “Avant cela j’ai été ingénieur dans des grands groupes informatiques et des startups qui malgré un très bon produit ne trouvaient pas leur marché. À une époque, cela n’empêchait pas de lever beaucoup d’argent, mais aussi de faire de nombreuses erreurs ! Lever sans raison vous complique la tâche. Par ailleurs, en France, nous avons une très bonne offre d’accompagnement en pré-seed, mais il ne faut pas oublier le potentiel des grands groupes qui ont du mal à innover et sont souvent prêts à vous financer ou vous racheter, ne serait-ce que pour l’équipe et les technologies qu’elle développe. »

« La valeur ajoutée, ce sont les entrepreneurs ! Nous avons ainsi déjà vendu une entreprise 37 millions d’euros, alors qu’elle ne réalisait que 50 000 euros de chiffre d’affaires ! C’est l’occasion pour le fondateur d’avoir les moyens de se lancer dans de nouveaux projets, ou du temps pour accompagner d’autres startups. indique Hubert Catanese.

Un témoignage au sein duquel François Cuny retrouve toutes les ambitions d’Inria : “La valeur, c’est vous, les porteurs de projet ! Depuis 2019, le Startup Studio a accompagné une centaine de projets, mais même avant, ce sont près de 250 startups qui ont été créées depuis trente ans par des chercheurs d’Inria. Il faut avoir en tête que les sorties industrielles, marquées par un rachat et l’intégration au sein d’un grand groupe, sont bien plus fréquentes que les sorties capitalistiques. Lancer une startup ne veut pas toujours dire que l’on va connaître une très forte croissance de son activité, mais notre mission reste la même : donner aux scientifiques l’opportunité d’explorer le chemin de l’entrepreneuriat.”

Clément FAGES

Date de publication : 02/02/2024

Tags : Accompagnement entrepreneur startup

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