L’Onboarding d’Inria Startup Studio : un sentiment de promotion ?

Inria Startup Studio a la particularité de sélectionner et d’accueillir ses porteurs de projets au fil de l’eau. Le comité de sélection se réunit une fois par mois et les entrepreneurs sélectionnés sont recrutés par Inria dans la foulée, en général un mois ou deux après le passage en comité. Il n’existe pas de promotion, annuelle ou biannuelle comme c’est souvent le cas dans d’autres dispositifs comme YCombinator qui organise deux programmes annuels de 3 mois.

En 2024, 44 projets ont été sélectionnés, 20 au 1^er semestre puis 24 au second semestre. 10 projets (portés par 14 entrepreneurs et entrepreneuses) sont entrés dans le dispositif entre le 1^er novembre 2023 et le 1^er janvier de cette année, et 12 projets au cours des mois suivants 2025 (pour 21 porteurs et porteuses). Dans le passé, cette entrée était symboliquement initiée par un « kickoff » entre les porteurs et les accompagnateurs du dispositif. Depuis un an environ, les porteurs d’un trimestre donné sont invités au Campus Cyber de Paris la Défense pour ce début symbolique.

Le dispositif est présenté et chose sans doute plus importante, cela donne l’occasion à cette quinzaine de porteurs de faire connaissance et de créer un premier sentiment d’appartenance à une communauté, pour ne pas dire de promotion. Chose étonnante peut-être, ces projets étaient issus respectivement des 9 centres Inria. Cette rencontre permet un clair rapprochement et une mise en relation de personnes qui ne se seraient pas naturellement rencontrées hors leur centre respectif.

La découverte d’un nouveau monde

Que l’on vienne du monde de la recherche quand on est jeune doctorant ou chercheur permanent, que l’on sorte de ses études comme jeune diplômé ou que l’on vienne du monde de l’entreprise, le monde des startup est souvent inconnu pour ne pas dire mystérieux ou même fantasmé. Il est certes varié, très divers.

Les media ont beau parlé (à tort et à travers ?) de ce monde, nous avons le sentiment qu’il est mal connu. Une startup ce n’est pas une entreprise, comme le dit Steve Blank c’est une aventure exploratoire, c’est creuser un tunnel sans savoir la taille de la montagne, construire un pont sans voir la rive opposée.

Il ne s’agit pas de faire peur aux porteurs de startup, mais au contraire de leur montrer que ce n’est pas des recettes qu’il s’agit de maitriser, mais d’accepter de vivre dans l’inconnu, d’apprendre et que le succès sera aussi lié à la chance.

A ce titre, nous partageons avec eux des sujets que nous connaissons bien et déjà présentés sur ce blog comme la culture des startup – ou les écosystèmes entrepreneuriaux en France.

La découverte d’un dispositif

Inria Startup Studio a sa « petite musique » depuis plus de cinq ans : il parie sur les talents et moins sur les technologies en donnant une grande autonomie de décision aux porteurs. La technologie reste essentielle et sans un bagage scientifique ou technologique qu’ils maitrisent, nos porteurs seraient bien démunis dans notre dispositif. Le rôle de la vingtaine d’accompagnateurs de ce dispositif national est de favoriser, d’amplifier ce positionnement. Il ne s’agit pas de donner accès aux technologies développées par les chercheurs d’Inria, mais plutôt de favoriser un changement culturel, de penser avant tout aux utilisateurs du produit envisagé, aux futurs clients avant de concevoir ce produit.

Autonomie ne veut pas dire isolement. Nos accompagnateurs sont à la disposition des porteurs dans cette exploration incertaine. Le dispositif est riche en outils dont l’onboarding est le premier proposé aux porteurs dans une chronologie de douze mois à venir. Ainsi les porteurs sont systématiquement encouragés à découvrir le monde extérieur, leur marché, en « pitchant » leur projet aussi souvent que possible, en participant à des événements internes (nos camps, notre Fête de startup) et externes (Vivatech, Hello Tomorrow, TechnFest,…) pour se confronter à la « réalité du marché » (quand il existe).

Voir à nouveau l’article de blog https://www.inriastartupstudio.fr/deeptech-le-scientifique-est-necessairement-lentrepreneur-du-premier-temps/

Un partage d’expérience de nos alumni

En janvier 2024, deux anciens porteurs du dispositif ont partagé sans langue de bois aucune leur expérience de douze mois de soutien au sein d’ISS.

Le 14 janvier Marielle Péré (docteure de l’université de Côte d’Azur) a raconté l’aventure de CellEmax une tech bio (et non pas une biotech !) Plus ici.

Le 15 janvier ce fut le tour de Brij Mohan (docteur de l’Université de Lille) fondateur de Nijta dont vous pouvez retrouver le témoignage ici ou là :

Pour le deuxième onboarding de l’année, nous avons eu le plaisir d’entendre Manuel Pariente (docteur de l’Université de Lorraine), qui vient de vendre sa startup Pulse Audition à Essilor après être passé par ISS en 2021, puis Nicolas Turpault (lui aussi docteur de l’université de Lorraine et fondateur de Sonaide).

Le retour d’expérience des porteurs est précieux. Ils ont vécu les choses différemment, ils avaient des a priori sur les attentes et ont souvent évolué en une année. Ce qui leur semblait parfois important a pu moins le sembler plus tard ; réciproquement, avec l’expérience, ils auraient donné plus d’importance à d’autres sujets (contacter des prospects, « pitcher » son projet par exemple)

Et faire connaissance

Les accompagnateurs des projets (six startup managers des centres) et trois managers d’ISS étaient présents en janvier en plus des quinze porteurs. Mais cet article manquerait son but s’il ne présentait pas les projets présents (dont on retrouve la liste sur la page portefeuille de ce site) :

• AXIOM porté par Rémi Felin et Arnaud Barbe (Sophia Antipolis)
• A4LL porté par Cyriel Mallart (Rennes)
• FloFixer porté par Rania Jebri et Wided Chandoul (Nancy)
• Manifest porté par Sébastien Conejo et Bruno Pérez (Grenoble)
• Physicae porté par Julien Mellet (Rennes)
• Polyphonic porté par Maxime Popoff (Lyon)
• Protomia porté par Andres Arteaga et Philippe Tran (Lille)
• Sacy porté par Camille Pereira et Chloé Daudier (Paris)
• Sand Fox porté par Nassim Bouiche (Bordeaux)
• Skin Bionics porté par Hernán Morales (Lille)

Et en mars,

• Akhet, John Hanna (Rennes)
• Allendia, Hugo Chateau-Laurent et Tara Vanhatalo  (Bordeaux)
• Augura Space, François Ginisty et Hadrien Mariaccia (Paris)
• Balafenn, Simon Pageaud et Antoine Ollivier (Rennes)
• CYGON, Gabriel Fontaine et Yann Sellier (Grenoble)
• Forge de l’ingénieur, Emmanuel Chébbi et Frédéric Collonval (Rennes)
• Green Field IT, Marc Feld et Salih Taner (Nancy)
• Mirai, Nacim Belkhir (Saclay)
• SensiPH , Claude Kengoum (Paris)
• TerraNeon, Jean-Daniel Kant, Maël Franceschetti et Cédric Herpson (Paris)
• Verare, Victor Rodrigo Mercado et Diane Dewez (Rennes)
• Vitidrone, Titien Cubilier (Bordeaux)

Et la suite ?

L’onboarding n’est que le début. Douze mois c’est long et pourtant très court à la fois. Les porteurs vont avoir l’opportunité d’explorer leur projet dans un certain confort (ils sont salariés, hébergés, accompagnés) et découvrir si leur pari mérite d’être approfondi. Certains arrêteront, d’autres souhaiteront continuer sans trouver les ressources suffisantes pour le faire et les plus chanceux auront trouvé investisseurs ou clients pour poursuivre cette aventure. Personne ne peut dire à ce stade où elle ou il en sera 12 mois plus tard. Nous avons trop eu de surprises par rapport à nos hypothèses initiales. Donner sa chance à un nombre conséquent de projets vient aussi de ce savoir-là (ou plutôt cette absence de savoir) et nous espérons que nos tutelles et futurs sponsors sont en accord avec ce constat. L’entrepreneuriat n’est pas l’analyse d’une situation, c’est avant tout un passage à l’acte passionnant et enthousiasmant. Ils et elles en ressortiront de toute façon transformés, enrichis. Bienvenue à nos nouveaux porteurs !