L’innovation et l’entrepreneuriat par accident – sensibiliser les doctorants lors d’événements
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L’innovation et l’entrepreneuriat par accident – sensibiliser les doctorants lors d’événements

Depuis des années, Inria invite des doctorants à des événements, des conférences et le startup studio va aussi à la rencontre de ses populations pour expliquer, on n’osera pas dire évangéliser ou prêcher la bonne parole

Une des missions principales d’Inria Startup Studio est de donner des opportunités. Tout d’abord de financer des porteurs de projets innovants. Mais bien avant cela, de simplement susciter l’intérêt pour ces mots mal compris, clivants même que sont l’entrepreneuriat et l’innovation, sans parler des startup.

Gordon Moore, célèbre pour la loi qui porte son nom, s’est dit être entrepreneur par accident. Il ne fit que suivre ses amis ou les personnes en qui il avait confiance pour fonder Intel. On pourrait en dire tout autant de Steve Wozniak qui n’aurait jamais fondé Apple sans Steve Jobs. On ne sait pas trop que Sergei Brin et Larry Page ne se seraient pas lancé dans Google (qu’ils avaient développé comme un prototype lorsqu’ils faisaient leur thèse de doctorat) si David Filo, fondateur de Yahoo et autre doctorant à Stanford, ne les avait pas encouragés à se lancer quand personne ne semblait croire au potentiel de leur moteur de recherche.

L’entrepreneuriat n’est pas toujours une vocation, il peut vous tomber sur la tête parce que vous croyez à quelque chose, que ce quelque chose mérite d’être approfondi, que cela a du sens pour vous et l’argent, le business ne sont que des résultats indirects de cette motivation initiale.

Alors depuis des années, Inria invite des doctorants à des événements, des conférences et le startup studio va aussi à la rencontre de ces populations pour expliquer, on n’osera pas dire évangéliser ou prêcher la bonne parole, car il faut aussi affirmer une chose évidente : l’entrepreneuriat n’est pas pour tout le monde, il faut accepter l’incertitude quasi-totale quand on se lance dans pareille aventure, avec le stress et la nouveauté qu’elle implique. Mais si la passion, même à ses débuts est là, alors il serait dommage de ne pas essayer. L’expérience sera nécessairement riche de nouveaux enseignements. Inria participe ainsi à Vivatech, BIG et plus récemment à PhD Talent Fair et cette année à Hello Tomorrow.

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Hello Tomorrow

Hello Tomorrow a été fondée en 2011  par Arnaud de la Tour, diplômé de l’AgroParisTech et docteur de l’Ecole des Mines de Paris, et Xavier Duportet, diplômé de la même école et d’un doctorat conjoint du MIT et d’Inria en biologie, ce qui l’a aussi conduit à fonder la startup Eligo Bioscience. Tous les deux avaient la volonté de construire des ponts entre la science et le business à travers l’entrepreneuriat technologique.

Chaque année, Hello Tomorrow sélectionne puis remet des prix à des startup prometteuses, invite des experts à parler de transition énergétique, de santé, d’alimentation, de décarbonation. Parmi les quelques 100 intervenants mentionnés sur le site, on notera le seul nom de Tony Fadell passé par Apple pour créer l’iPod puis fondateur de la startup Nest rachetée par Google.

Des doctorants et ingénieurs de recherche Inria à HelloTomorrow

Inria se devait donc d’inviter doctorants ou ingénieurs, curieux du sujet. Cinq doctorants auront parcouru la conférence accompagnés par les chargés d’innovation des centres Inria Céline Duclos et Grégoire Maurice et des porteurs de projets du startup studio. Nous leur avons demandé ce qu’ils avaient retenu de l’événement, sous forme des questions suivantes :

  • Quelle était votre motivation à participer à Hello Tomorrow ?
  • Qu’y avez-vous apprécié ? Une rencontre ou conférence en particulier ?
  • Quel objectif professionnel vous fixez-vous à présent ?
  • Que diriez-vous de votre expérience à Hello Tomorrow à un collègue chercheur ?
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Quelle motivation ?

« Je viens de terminer ma thèse que j’aimerais valoriser en créant une startup basée sur mes résultats de recherche mais surtout sur les résultats de toute mon équipe. Pour moi c’était un excellent moyen d’être immergée totalement pendant deux jours dans le monde des startup deeptech, un monde que nous ne connaissons pas du tout quand on reste du côté de la recherche académique, surtout que j’ai commencé mon PhD juste à la sortie de mon master. Le but pour moi était de comprendre les codes associés à l’entreprenariat et d’avoir une image complète de toutes les financements, formations mais aussi la concurrence que peuvent avoir les startup deeptech. »

« Beaucoup de curiosité déjà. Puis une envie de voir quelque chose de différent de notre environnement habituel. »

« J’ai le projet de rejoindre l’Inria Startup Studio après avoir fini ma thèse, et j’ai déjà un projet en tête. Mon objectif en participant à Hello Tomorrow était d’essayer de mieux comprendre les potentiels clients et investisseurs vis à vis de ce projet. »

Quelles leçons ?

« Que l’on peut rencontrer un potentiel associé en renversant une tasse de café. Plus sérieusement, ce que les retours d’expérience des différents intervenants montre c’est qu’il y a plein de facteurs qui font qu’un projet peut fonctionner ou pas. Qu’un facteur pas négligeable c’est la chance, et qu’une partie importante du travail quotidien et de transformer cette éventualité en certitude en saisissant les bonnes opportunités et en « dé-risquant » le projet le plus vite possible. Une leçon tout aussi importante, je pense, c’est que les erreurs font partie du jeu, et qu’un parcours gagnant n’a pas besoin d’être un parcours sans fautes. »

« J’ai appris beaucoup de choses notamment sur les différentes structures qui accompagnent une startup depuis son lancement telles que les incubateurs et les accélérateurs. J’ai également appris que ce n’est pas facile de monter sa propre boîte et qu’il faut y croire fortement pour résister aux obstacles et difficultés rencontrées. »

« J’ai beaucoup apprécié la rencontre avec Mario Arico, le porteur du projet Twinical. Mario a récemment quitté Inria Startup Studio et est en cours de création de son entreprise. Ceci nous a permis d’interagir avec lui sans filtre car nous sentions qu’il était assez proche de nous, doctorants. De plus, il a partagé avec nous ses débuts et les erreurs à éviter si on veut suivre le même parcours. »

« Principalement j’ai pu y découvrir tout le tissu qui supporte l’entreprenariat et comment ses acteurs interagissent ensemble. De plus, j’ai pu envisager les startup d’un autre angle, plus comme un instrument pour faire du transfert de technologie du plus fondamental vers son marché d’application. Plutôt que simplement comme outil capitalistique. »

« J’ai vraiment été fascinée par l’événement. On voit une énorme différence entre les conférences qui regroupent globalement des chercheurs du secteur public et ce type d’événement qui concerne le secteur privé. Ce qui m’a le plus plu est le fait d’avoir le choix de poursuivre dans ce qui nous plaît réellement. J’ai toujours pensé qu’en faisant une thèse, je m’enfermais dans le secteur de recherche public et d’enseignement, mais je me suis complètement trompée. Cet événement m’a justement permis de m’en rendre compte et de réaliser qu’il y avait plus d’opportunités que je ne le pensais. »

« Ce qui m’a le plus impressionnée et m’a appris le plus, ce sont les pitch de startup qui étaient vraiment incroyables. J’ai également adoré la facilité avec laquelle on peut interagir avec les CEO, CTO ou même des financeurs lors de l’évènement. Enfin, ce qui a été le plus utile pour moi ce sont bien évidemment les rencontres avec les CTO/CEO de certaines startup mais aussi l’éclairage toujours pertinent des membres de l’Inria startup  studio qui nous ont accompagnés durant ces deux jours en organisant également les rencontres dont nous avions besoin/envie. »

Quels objectifs maintenant ?

« Je vais dédier ma première année post-thèse à la création de ma startup avec l’aide de l’Inria startup studio et de mon équipe. »

« Focus maximal sur la thèse, les projets à son issue ont encore un peu de temps pour prendre forme. »

« Je suis qu’en première année de thèse et je n’ai toujours fixé d’objectif professionnel. Mais je sais à présent que j’ai l’option de rejoindre Inria Startup Studio et de monter ma propre boîte 🙂 »

« Finir ma thèse et intégrer l’Inria Startup Studio pour me lancer dans l’aventure. »

Que diriez-vous de votre expérience à Hello Tomorrow à un collègue chercheur ?

« Je pense qu’il y a un certain nombre de points communs entre la recherche et l’entreprenariat, gestion projet, « dé-risquage », aspect humain, et que Hello Tomorrow ou des salons similaires sont d’excellentes opportunités pour voir ce qui peut se passer en aval des travaux que l’on peut mener en laboratoire. »

« Je pense que d’un point de vue chercheur, les pitch de startup doivent vraiment nous inspirer pour mieux présenter nos résultats de recherche et mieux les valoriser. Par contre, pour un chercheur classique qui ne veut pas se lancer dans l’aventure Startup, ce n’est peut-être pas l’évènement le plus adapté pour avoir un premier aperçu de ce qu’il est possible de faire (un peu trop grand si il n’y a personne pour nous guider). »

« Je recommande fortement cette expérience enrichissante à Hello Tomorrow à un collègue. Il ne pourra qu’en sortir satisfait et avec beaucoup d’informations. »

« S’il a la moindre curiosité pour ce milieu, il doit foncer. D’une part pour ne pas se faire de fausses idées et d’autre part pour voir la diversité proposée. »

Date de publication : 12/04/2023

Hervé Lebret

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